
Bangui – Pour la première fois depuis 2016, un haut gradé de l’armée française a effectué une visite officielle en République centrafricaine (RCA). Le général Pascal Ianni, commandant de l’armée française pour l’Afrique, s’est rendu à Bangui le jeudi 10 juillet 2025, marquant un premier pas vers une possible relance de la coopération militaire entre les deux pays, gelée depuis le départ des forces françaises en décembre 2022.
Ce déplacement s’inscrit dans une dynamique nouvelle, amorcée par la feuille de route conjointe signée en avril 2024 par les présidents Faustin-Archange Touadéra et Emmanuel Macron, visant à redéfinir les contours du partenariat sécuritaire.
Au cœur des discussions entre le général Ianni et le ministre centrafricain de la Défense, Claude Rameaux Bireau, figure la formation des cadres de l’armée nationale, toujours en phase de reconstruction. « Nous voudrions, avec la France, former nos cadres afin qu’ils soient à la hauteur de leur mission », a déclaré le ministre, tout en reconnaissant que l’armée centrafricaine, bien que numériquement renforcée, restait fragile dans sa structuration.
À ce jour, une quinzaine d’officiers et sous-officiers centrafricains sont déjà accueillis dans des structures militaires françaises. Toutefois, aucun objectif chiffré n’a été communiqué pour les prochaines vagues de stagiaires. Les candidats retenus devront passer des tests de sélection rigoureux, précise le ministère.
La visite du général Ianni s’inscrit dans une tournée africaine couvrant une quinzaine de pays, dans le cadre de sa mission à la tête du Commandement des armées françaises pour l’Afrique, une nouvelle structure mise en place à Paris en août 2024. Ce dispositif remplace progressivement les anciennes bases permanentes, au profit de missions ponctuelles, jugées plus souples et adaptées aux nouveaux défis sécuritaires.
« La stratégie militaire française en Afrique a changé de paradigme », explique le général Ianni. Désormais, Paris entend articuler son action autour de quatre piliers : l’influence, l’anticipation, le partenariat et l’opération.
Cette approche vise à préserver une présence stratégique, sans déploiement massif de troupes, tout en renforçant les capacités des armées africaines partenaires, à travers un soutien ciblé et adaptable.
La perspective d’un renforcement des liens militaires entre Bangui et Paris intervient dans un contexte géopolitique sensible, marqué par la montée en puissance d’acteurs non-occidentaux, notamment russes, dans la région. Depuis le retrait des forces françaises en 2022, la Centrafrique s’est tournée vers d’autres partenaires sécuritaires, rendant toute reprise de coopération plus délicate.
Le déplacement du général Ianni constitue donc un signal diplomatique fort, mais prudent, sur la volonté française de rester un acteur de référence en matière de sécurité régionale, tout en s’adaptant aux nouvelles réalités africaines.
Pierra S.