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Dakar, juillet 2025 – L’euphorie post-électorale aura été de courte durée, des tensions au sommet de l’Etat. Moins de quatre mois après son investiture, le Président Bassirou Diomaye Faye fait face à une vague de critiques et de désillusion, tant sur le plan national que continental. Porté au pouvoir sur la promesse d’une rupture avec l’ancien système et d’une véritable souveraineté politique et économique, son début de mandat suscite désormais interrogations et inquiétudes.

Symbole d’espoir pour une jeunesse en quête de renouveau, Diomaye Faye avait promis de rompre avec les logiques néocoloniales et de reconfigurer les relations du Sénégal avec ses partenaires, notamment la France. Mais certains signes récents indiquent un rapprochement diplomatique inattendu avec Paris, qui contraste fortement avec le discours panafricaniste et souverainiste ayant marqué sa campagne.

Visites protocolaires, entretien chaleureux avec les autorités françaises, langage diplomatique plus feutré… autant de signaux qui tranchent avec les positions antérieures du président, alors perçu comme l’héritier idéologique d’Ousmane Sonko, son Premier ministre et compagnon de lutte politique.

Si les deux hommes formaient jusqu’ici un duo solide, des tensions apparaissent désormais au grand jour. Ousmane Sonko maintient une ligne ferme sur les questions de souveraineté économique, notamment la renégociation des contrats miniers, gaziers et pétroliers. Des engagements qui semblaient partagés, mais que le président semble aujourd’hui reléguer au second plan, au profit de la « stabilité diplomatique ».

Selon des sources proches du pouvoir, des désaccords profonds minent la relation entre le Président Faye et son Premier ministre, marginalisé dans certaines décisions-clés. Le traitement réservé à Sonko, de plus en plus isolé au sein de l’appareil d’État, alimente les rumeurs sur un possible bras de fer interne.

Plusieurs analystes évoquent une influence croissante de la diplomatie française dans les décisions de l’exécutif sénégalais. Des sources font état de pressions autour des contrats économiques stratégiques et d’un possible renoncement aux réformes annoncées. Des interrogations entourent également la réapparition médiatique de figures liées à l’affaire judiciaire ayant visé Ousmane Sonko par le passé, comme Adji Sarr, récemment naturalisée suisse dans un contexte jugé troublant.

Dans ce climat tendu, certains dénoncent une tentative de fragilisation politique du Premier ministre, perçu comme un obstacle aux ambitions diplomatiques du chef de l’État. Bien que non confirmées, ces accusations alimentent une atmosphère de méfiance et de polarisation politique.

Pour de nombreux Sénégalais, ce revirement est vécu comme une trahison des idéaux de rupture et de justice sociale. Le slogan d’un pouvoir partagé entre Diomaye et Sonko semble aujourd’hui vidé de sa substance. Entre déception et inquiétude, une partie de la société civile appelle à la vigilance citoyenne, redoutant un retour aux logiques de soumission politique et d’influence étrangère.

Alors que l’opinion publique commence à se diviser, une question s’impose : Diomaye Faye incarne-t-il encore le changement qu’il promettait ? Ou assiste-t-on à un repositionnement stratégique qui, à terme, pourrait redessiner les équilibres politiques au Sénégal ?

Pierra S.

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