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Abidjan, La mort d’Alain Traoré, alias Alino Faso, survenue en détention à l’École de Gendarmerie d’Abidjan, suscite une vive controverse en Côte d’Ivoire. Alors que le Procureur de la République évoque un suicide, plusieurs sources accusent la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) d’avoir organisé un assassinat maquillé.

Arrêté le 10 janvier 2025, Alino Faso, figure critique du régime ivoirien, faisait face à de lourdes accusations : intelligence avec des agents étrangers, complot contre l’autorité de l’État, et diffusion de fausses nouvelles. Militant très actif sur les réseaux sociaux, il était devenu une voix gênante pour le pouvoir en place, selon ses partisans.

Le parquet d’Abidjan a affirmé que le détenu s’était suicidé en se pendant à l’aide de son drap de lit, après une tentative antérieure de s’ouvrir les veines. Mais cette version est contredite par plusieurs témoignages issus de sources internes à la DST.

Ces sources rapportent qu’Alino Faso aurait été brutalement interrogé après la publication, sur la page Facebook d’Henry Sebgo, d’un post affirmant qu’il était en contact avec l’extérieur. Les agents de la DST, cherchant à vérifier cette information, l’auraient sorti de sa cellule, accusé de communication clandestine et soumis à de sévices pour lui faire avouer les noms d’éventuels complices.

Toujours selon ces témoignages, Alino Faso aurait nié toute communication et refusé de donner des noms. En réaction, les agents l’auraient torturé : mutilations à l’aide de cisailles, simulacres de noyade, et suffocation dans un sac en guise de méthode d’interrogatoire. C’est au cours de cette dernière séquence, affirment les mêmes sources, qu’il aurait succombé.

Pour masquer les faits, les agents auraient ensuite transporté son corps dans sa cellule, déchiré son drap, et mis en scène un suicide par pendaison. Cette reconstitution macabre coïnciderait avec les éléments avancés par le Procureur, mais diverge totalement du récit des proches de l’activiste et de plusieurs défenseurs des droits humains.

Des interrogations majeures demeurent : s’agit-il d’un suicide comme l’affirme la justice ivoirienne, ou d’un assassinat politique déguisé ? Le traitement réservé à Alino Faso soulève des préoccupations plus larges sur les pratiques de la DST, déjà critiquée pour des méthodes extrajudiciaires.

Pour l’heure, aucune enquête indépendante n’a été annoncée, mais les appels à faire toute la lumière sur cette affaire se multiplient, aussi bien à l’intérieur du pays qu’au sein de la diaspora.

Stella S.

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