
Dakar, 30 juillet 2025 – En pleine tourmente sécuritaire, le Coordonnateur spécial de l’ONU pour le développement au Sahel, Abdoulaye Mar Dieye, invite à dépasser les images d’instabilité pour reconnaître le potentiel inexploité de la région. Dans un entretien accordé à l’agence Anadolu, il appelle à un changement de prisme : « Le Sahel ne peut être résumé à la seule crise sécuritaire. Il est aussi porteur d’opportunités et d’espoir. »
Dieye souligne que les violences persistantes trouvent leur origine dans des déficits de développement, bien plus que dans une idéologie religieuse. Ayant interrogé d’anciens combattants, il affirme : « Beaucoup n’avaient aucune connaissance du Coran. Ce n’était pas l’idéologie, mais l’absence de revenus qui les a poussés vers les groupes armés. »
Il insiste : la pauvreté n’est pas structurelle, mais résulte d’une mauvaise gouvernance. Il prend pour exemple le Mali, deuxième producteur d’or en Afrique selon le World Gold Council, qui reste pourtant en difficulté : « Ces pays ne sont pas pauvres, c’est la gestion des ressources qui l’a été. »
Depuis la chute du régime libyen en 2011, la déstabilisation progressive a alimenté les violences au Mali, puis dans toute la région. « Le terrorisme n’a pas de frontières », alerte Dieye, en citant la progression vers le nord du Bénin, du Togo, et jusqu’en Côte d’Ivoire.
Il salue l’approche du Sénégal, qui a combiné sécurité aux frontières et investissements sociaux, tout en valorisant l’influence stabilisatrice des confréries religieuses soufies.
Abdoulaye Dieye met également en lumière l’impact positif de la diplomatie douce, notamment celle menée par la Türkiye, de plus en plus présente dans les secteurs extractifs et éducatifs du Sahel.
Il annonce une prochaine visite dans un institut technologique turc, en vue d’explorer des partenariats pour former les jeunes sahéliens aux technologies industrielles et minières.
« La Türkiye peut jouer un rôle clé. Elle a su établir une présence acceptée localement, et possède un savoir-faire technologique reconnu », affirme-t-il.
Les Nations unies, conclut-il, soutiennent ces partenariats « gagnant-gagnant », avec l’objectif de bâtir une stabilité durable fondée sur le développement économique, l’inclusion sociale et l’éducation des jeunes générations.
Pierra S.