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Bujumbura, 29 juillet 2025 – En pleine crise économique, le président burundais Évariste Ndayishimiye a lancé, ce mardi, de vives accusations à l’encontre des fonctionnaires de l’État, les accusant de passivité face au marché noir du carburant et des devises. Un discours musclé qui révèle la tension croissante au sommet de l’État, dans un pays en proie à une pénurie chronique d’essence et à une inflation galopante.

S’exprimant lors d’une cérémonie publique à Bujumbura, le chef de l’État a dénoncé l’inaction des agents publics face aux réseaux parallèles qui sapent l’économie nationale.

« Il y a aujourd’hui un marché noir du carburant, mais vous ne voulez pas dénoncer ceux qui en sont responsables, alors que c’est vous qu’on vole en plein jour », a-t-il lancé.

« C’est comme pour les devises : il y en a au Burundi, mais elles alimentent le marché noir. Vous voyez tout cela et vous ne dites rien. »

Poussant plus loin sa critique, le président a accusé les fonctionnaires de contribuer à la lente agonie du pays.

« Est-ce que vous préparez au cimetière de Mpanda une tombe assez grande pour contenir le Burundi ? Car vous êtes en train de le mener à sa mort. »

Le Burundi fait face depuis près de trois ans à une pénurie sévère de carburant qui paralyse le pays. À cela s’ajoutent de graves tensions sur le marché des devises, favorisant un système de spéculation parallèle.

Selon la Banque mondiale, le Burundi est aujourd’hui le pays le plus pauvre du monde en PIB par habitant, avec 75 % de ses quelque 14 millions d’habitants vivant sous le seuil international de pauvreté.

Arrivé au pouvoir en juin 2020, après la mort de Pierre Nkurunziza, Évariste Ndayishimiye avait promis un vent de renouveau. Mais son mandat est jusque-là marqué par une gouvernance centralisée, une présence toujours forte des militaires dans les cercles du pouvoir, et des violations des droits humains, régulièrement dénoncées par des ONG et les Nations unies.

Face aux déclarations du président, plusieurs voix se sont élevées sur les réseaux sociaux.

« Le chef de l’État est comptable de la mauvaise gestion, et personne d’autre », a réagi l’économiste burundais André Nikwigize sur X (anciennement Twitter).

« Je suis le président, je vois le problème, mais je ne fais rien. Démissionne au moins », a ironisé un autre internaute.

En juin dernier, le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, a remporté tous les sièges de l’Assemblée nationale lors d’élections législatives contestées par l’opposition, qui les a qualifiées de « truquées ».

Pierra S

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