
Abidjan, 16 août 2025 – L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a exprimé, samedi à Abidjan, son opposition ferme à la candidature d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat présidentiel. Devant une foule de partisans réunis à Yopougon, le chef du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) a dénoncé ce qu’il qualifie « d’illégalité » et de « violation flagrante » de la Constitution.
« Je voudrais que vous alliez lui dire qu’il ne fera pas de quatrième mandat », a martelé Laurent Gbagbo, ajoutant : « Notre détermination est claire et sans faille. Il n’y aura pas de quatrième mandat. »
Selon lui, la Constitution ivoirienne limite le nombre de mandats présidentiels à deux. Il a rappelé que cette disposition avait été introduite après la transition militaire de 1999. « Pourquoi quelqu’un pense-t-il qu’il peut faire quatre mandats ici en Côte d’Ivoire ? Je refuse », a-t-il lancé, estimant que le troisième mandat obtenu par Ouattara en 2020 était déjà « anticonstitutionnel ».
Le président sortant, âgé de 83 ans, a pourtant officialisé sa candidature le 29 juillet dernier. Il justifie sa décision par la nécessité de relever des « défis sécuritaires, économiques et monétaires sans précédent », exigeant, selon lui, de l’expérience et de la continuité au sommet de l’État.
Au cours de son intervention, Laurent Gbagbo a également dénoncé l’exclusion de plusieurs figures de l’opposition de la liste électorale, dont lui-même, l’ancien Premier ministre Guillaume Soro et le président du PDCI-RDA, Tidiane Thiam. Il a par ailleurs critiqué les récentes arrestations de militants de son parti, promettant de tout faire pour obtenir leur libération « sans pour autant céder sur la question du quatrième mandat ».
Malgré son inéligibilité liée à une condamnation judiciaire, l’ancien chef de l’État a réaffirmé son intention de se porter candidat, se présentant comme « le candidat contre le quatrième mandat ».
Ce meeting de Yopougon, tenu à moins de trois mois de la présidentielle du 25 octobre 2025, illustre l’intensité des tensions politiques en Côte d’Ivoire, où le processus électoral est déjà marqué par des contestations et une forte polarisation autour de la candidature d’Alassane Ouattara.
Adoptée en 2016, la Constitution de la IIIᵉ République permet deux mandats présidentiels. Alassane Ouattara, après deux mandats sous la IIᵉ République, s’était représenté en 2020 en considérant qu’il s’agissait de son « premier mandat » sous la nouvelle Constitution. Sa candidature de 2025, qu’il présente comme un « deuxième mandat » au titre de ce texte, est catégoriquement contestée par Gbagbo et une partie de l’opposition, qui y voient une manœuvre anticonstitutionnelle.
Pierra S.