
Paris, 21 août 2025 – Après plus de quinze ans de procédure, la justice française a prononcé un non-lieu en faveur d’Agathe Habyarimana, veuve de l’ancien président rwandais assassiné Juvénal Habyarimana. Elle était soupçonnée de complicité dans le génocide des Tutsis de 1994, mais les juges estiment qu’il n’existe pas « d’indices graves et concordants » contre elle.
Cette décision met un terme à une enquête ouverte en 2008 par le parquet national antiterroriste, qui demandait sa mise en examen pour entente en vue de la commission du génocide. Depuis 2016, elle était placée sous le statut de témoin assisté.
Le Collectif des parties civiles pour le Rwanda, à l’origine de la plainte, espérait une mise en examen. Mais pour la justice, les rumeurs persistantes sur son rôle dans les cercles extrémistes hutus ne suffisent pas à constituer des preuves. Plus de trente ans après les faits, de nombreux indices matériels ont disparu, compliquant l’établissement des responsabilités.
À 82 ans, Agathe Habyarimana, installée en France depuis 1998, échappe ainsi à toute poursuite pénale. Une décision qui suscite la colère des associations de victimes, pour qui « absence de preuves ne signifie pas innocence ».
Cette affaire pourrait également raviver les tensions entre Paris et Kigali. Le Rwanda, où la mémoire du génocide reste vive, aurait souhaité que l’ancienne Première dame soit jugée. Mais les juges rappellent qu’aucun discours public de sa part n’a prouvé une incitation directe au massacre.
Reste que plusieurs zones d’ombre entourent encore l’assassinat du président Habyarimana, événement déclencheur du génocide. Qui a abattu son avion, et dans quel but ? Autant de questions qui demeurent sans réponse, et que ni Paris ni Kigali ne semblent vouloir rouvrir.
Pierra S.