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Conakry – Depuis plusieurs mois, la Guinée traverse une crise de liquidité qui paralyse son économie. Dans les banques comme chez les opérateurs de monnaie électronique, les espèces se font rares, plongeant particuliers et entreprises dans de grandes difficultés.

À Kaloum, le centre administratif de Conakry, les responsables bancaires reconnaissent discrètement que leurs activités sont fortement affectées, sans toutefois accepter de s’exprimer publiquement. Les clients, eux, vivent un calvaire. Ousmane Bakayoko, responsable d’une société de communication, témoigne : « Nous avions besoin de retirer 100 millions. Après une journée entière de démarches, nous n’avons pu obtenir que la moitié, dans une autre banque, et seulement après de longues négociations… en payant même pour avoir accès à notre propre argent. »

La crise s’étend également aux opérateurs de monnaie électronique. Dans la haute banlieue de Conakry, Balde Boubacar Siddy, gérant d’un point de transfert, déplore l’absence de liquidité : « Nos clients viennent pour retirer de l’argent, mais il n’y en a pas. Même nos partenaires reconnaissent qu’ils n’ont pas de fonds disponibles. »

Face à cette situation, l’Union des consommateurs de Guinée tire la sonnette d’alarme. Son président, Ousmane Keita, prévient : « Certains kiosques de porte-monnaie électronique ont déjà commencé à fermer. Sans liquidité, ces acteurs du monde des affaires ne peuvent pas fonctionner. Nous avons interpellé le gouverneur de la Banque centrale et le Premier ministre afin qu’une solution urgente soit trouvée. »

Le sujet divise même au sommet de l’État. Le gouverneur de la Banque centrale, Karamo Kaba, nie toute « crise de liquidité », évoquant plutôt une « crise de billets ». Une déclaration contredite par le Premier ministre de transition, Amadou Oury Bah, qui écarte cependant toute nouvelle impression de monnaie. Il assure que des mesures ont été prises pour restaurer la confiance avec les opérateurs économiques, mais celles-ci tardent à se concrétiser.

En attendant, l’économie guinéenne reste asphyxiée. Et dans un pays où la monnaie électronique reste encore peu répandue, les citoyens comme les entreprises continuent de souffrir d’un manque criant de cash.

Stella S.

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