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À un mois de l’élection présidentielle du 12 octobre, le Conseil national de la communication (CNC) a interdit toute diffusion de débats politiques dans les médias camerounais. Une décision qui suscite une vive indignation dans les rédactions et parmi les acteurs politiques, accusant le régime de Paul Biya de museler la contradiction après 43 ans de pouvoir.

La mesure, officialisée le 31 juillet par une lettre du président du CNC, entre en vigueur le 27 septembre. Elle concerne plus de 300 radios et une cinquantaine de télévisions locales. À Yaoundé, Radio Jiemeni Siantou (RTS) a déjà annoncé la suspension de trois de ses programmes politiques phares. « Nous n’avons pas le choix, nous respectons la décision », explique son chef de chaîne, Ets Boniface, précisant que ces émissions seront remplacées par un programme spécial intitulé Cameroun 2025, consacré uniquement à la campagne électorale.

Pour de nombreux journalistes, cette interdiction n’est pas une première. Des restrictions similaires avaient déjà marqué les présidentielles de 2004. L’opposition, elle, dénonce un « stratagème » du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir, destiné à éviter tout débat sur le bilan de Paul Biya. Redina Boue, secrétaire à la communication du parti Mandiem, dénonce « des conditions de travail marquées par les restrictions, la pression et l’intimidation », rappelant que son parti a subi « un mois entier de surveillance militaire » autour de son siège.

Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) estime que la décision du CNC n’a aucun fondement légal. Selon lui, elle ne s’appuie ni sur le Code électoral de 2012, ni sur la loi sur la communication sociale de 1990, mais uniquement sur de vieux textes antérieurs à la création d’ELECAM, l’organe électoral officiel mis en place en 2006. « Le CNC s’arroge le rôle de rédacteur en chef de tous les médias, ce qui est inacceptable », dénonce Hilaire Hameboue, secrétaire général du SNJC.

Reporters sans frontières (RSF) a condamné cette nouvelle atteinte à la liberté de la presse, exhortant les autorités camerounaises à garantir le droit à l’information, crucial en période électorale. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est lui aussi dit préoccupé par le recul de la liberté d’expression à l’approche du scrutin.

Pierra S.

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