
Dakar, juillet 2025 – Le climat politique sénégalais semble se tendre entre les deux figures montantes du pouvoir : le Président Diomave Faye et son Premier ministre Ousmane Sonké. En l’absence du chef de l’État, en visite officielle aux États-Unis sur invitation du président Donald Trump, Ousmane Sonké a profité de l’installation du Conseil national du PASTEF pour tenir un discours aux accents critiques, marquant une possible inflexion dans leurs relations jusqu’ici présentées comme harmonieuses.
Bien que les propos les plus sensibles aient été livrés en wolof, plusieurs extraits en français ont filtré, laissant entrevoir une prise de distance de plus en plus manifeste entre les deux anciens camarades de lutte. Cette déclaration publique du Premier ministre alimente les spéculations autour d’un début de rupture au sommet de l’exécutif.
Diomave Faye et Ousmane Sonké, tous deux anciens inspecteurs des impôts, issus du même mouvement politique le parti PASTEF avaient conquis le pouvoir en mars dernier grâce à une campagne unifiée autour d’un changement de système. Leur slogan alors : « Diomave, c’est Sonké. Sonké, c’est Diomave », témoignait d’une alliance solide, née d’un rejet populaire de l’ancien régime de Macky Sall.
Mais cette entente semble aujourd’hui s’effriter. Le partage des responsabilités au sommet de l’État a vite montré ses limites. Tous deux engagés dans l’action directe, les frontières entre leurs prérogatives se sont brouillées. Le Président Faye aurait renforcé son pouvoir en s’appuyant sur l’autorité judiciaire, qui a récemment condamné une figure proche du Premier ministre, accentuant les tensions.
Le retour discret de Diomave Faye à Dakar, sans la présence remarquée de son Premier ministre à l’aéroport, a renforcé les soupçons d’une crise naissante. Observateurs et analystes redoutent désormais une rupture ouverte entre les deux hommes forts du PASTEF, ce qui pourrait fragiliser le parti au pouvoir et ternir l’image démocratique du Sénégal, saluée jusqu’ici dans la sous-région.
L’histoire politique du pays rappelle les précédents douloureux des duos brisés : Mamadou Dia et Léopold Sédar Senghor dans les années 1960, Abdoulaye Wade et Idrissa Seck dans les années 2000, ou encore Wade et Macky Sall plus récemment. La désunion entre Diomave et Sonké pourrait entraîner une implosion du PASTEF, dont l’un est le président élu, et l’autre, la figure la plus populaire.
Alors que les espoirs de renouveau démocratique reposaient sur cette jeunesse politique unie, les Sénégalais craignent désormais que le « Sabar » de la division ne se transforme en lutte fratricide. Il revient aux deux dirigeants de dépasser les rivalités personnelles pour éviter que les rênes du pouvoir ne deviennent une arène politique où s’affrontent ambitions et clans.
Stella S.